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Ouest-France Raphaël FRESNAIS. Publié le 03/03/2023 à 06h00

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Musique. Marc O, le rockeur anglo-normand au pays de la Brit pop

Exilé à Londres depuis l’adolescence, le Caennais Marc Olivier a consacré sa vie au rock. Longtemps guitariste et front man de groupes, il s’est décidé à se lancer sous le nom de Marc O. Entouré d’une équipe de choc, cet ancien protégé de Michael Jones sort son premier album solo, « L’homme de l’ombre », en France, ce vendredi 3 mars 2023. Un an après son lancement au pays des Beatles. Rencontre.

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Marc O sort son premier album solo, « L’homme de l’ombre », en France, ce vendredi 3 mars 2023. | JARED LOUCHE

Coupe corbeau, visage angulaire, lunettes de soleil. Avec son look dandy rock, baroque et extravaguant à la Jad Wio, il semble être sorti tout droit du New York du debut des années 80. À l’occasion d’une tournée promo sur sa terre natale, rendez-vous est pris au Modjo, un troquet de la rue Gémare, à Caen. Poignée de main franche. Bagout prononcé. Flash-back vers Marc Olivier. Avant Marc O.
« Je suis né à la clinique Saint-Martin, avenue du Canada. Mon âge ? Bien… assez vieux pour en savoir assez, assez jeune pour rester rock’n’roll. » Derrière cette petite pudeur, on apprend que son père était guitariste concertiste, sa mère peintre, qu’il a grandi à Hérouville. À six ans, c’est le choc : les Beatles. Puis les Stones, les Kinks... À onze ans, il pousse la porte de Music Hemann. Achète une copie de Stratocaster et prend des cours avec un certain... Michael Jones. « Que de souvenirs avec Michael ! Il m’emmenait dans sa mini Cooper break voir les répét’, les concerts de Goldman, ses enregistrements au studio Gang à Paris. Berger et France Gall se pointaient. J’ai appris un tas de trucs en voyant tous ces hits se faire. »

 

Marc O - L'homme de L'ombre (Official Video)
https://youtu.be/2JwY-_3_Xvk
 

Autour d’un café, ses souvenirs avancent d’un cran : 17 ans, son premier groupe. Exit à Paris pour « l’amour du rock ». Mais la capitale se révèle vite trop petite. Sa main balaye ses cheveux : « Trop impulsif, trop dyslexique pour être musicien de studio. Et le rock existe où, en vrai, sinon aux États-Unis ou en Grande-Bretagne ? J’ai pris mon ampli, ma guitare, un sac de fringues et me suis installé chez le père d’un pote à Birmingham, un Jamaïcain au grand coeur, sans savoir parler anglais. » Les années clubs. La vague brit-pop 90’s. La liberté. Marc O intègre son premier groupe britanique, découvre les grosses scènes en première partie d’Ocean Colour Scene, qui vient de faire la tournée avec Oasis.

Tournée aux États-Unis

Plastic Heroes - The Boy
https://youtu.be/A7ELbiqGIeU

En 1999, cap sur Londres. Après quelques nuits dans sa bagnole, il trouve un appart en coloc’. Toujours son domicile aujourd’hui. En 2002, il monte son propre groupe « british » : Plastic Heroes. Tournée outre-Atlantique, grâce à son pote Sami Yaffa, qui a joué avec les New York Dolls. « Quatorze concerts en un mois ! » Projet d’enregistrement à Londres et Los Angeles, via Gordon Raphael, producteur des Strokes. Mais comme à chaque fois, le groupe splitte (explose). « Du coup, j’ai décidé de l’enregistrer moi-même. À Londres et ici en Normandie, dans la grange de mes parents. Avec Sami. »

S’ensuit un virage « cold wave » (post-punk froid). Marc O intègre comme guitariste Chemlab, groupe phare du rock industriel US. « Du délire ! J’avais un boa, des pattes d’eph’, une veste blanche au milieu d’un public de musique industrielle pur et dur. On a fait le tour entier des USA en 2010 et 2012 : des dates dans plus de 40 États et le Canada. » Puis Prude en 2013, groupe machine-rock et expérimental à mi-chemin entre Iggy Pop et Nine Inch Nails. « Beau succès d’estime mais pas de tournée ».

Gorgée de bière. A ses côtés, Dominique Marie, son attaché de presse, vieux routier caennais du rock et de la radio 666, confirme tous ses dires.

Le premier Français à collaborer avec le bassiste de Melody Nelson

Retour à Londres. Coup de fil à son frangin Bruno Pons Levy, auteur d’une trentaine de bouquins, violoncelliste à ses heures. « Le lendemain, il m’envoie trois textes. On fait un pacte : lui les textes, moi la musique. En six mois, on avait quarante titres. » Son vieux pote Sami rapplique. Le duo s’entoure d’une équipe de choc : Christophe Deschamps (Dutronc, France Gall) à la batterie, Kath Gifford (Stereolab) à la guimbarde, Danny Ray (MC5, Bo Didley) au saxo, et... Mister Dave Richmond. Le bassiste de l’album culte Melody Nelson (Gainsbourg) !

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Marc O aux fameux studios d’Abbey Road, à Londres. | ZACK SPIGER

« Un rêve ! Je voulais absolument son son pour le morceau « Le test de la femme à barbe ». Il a adoré et débarqué à 78 ans dans mon studio avec sa basse sur ses épaules. Il a fait cinq prises fabuleuses avec un ampli Fender de 1968. Je suis le premier artiste français à collaborer avec lui depuis Gainsbourg. On est devenus super amis depuis. »

Le rêve vire hélas au cauchemar. Années 2015-16 : « La tuile : cancer. J’ai failli y passer. J’ai mis quatre bonnes années à me reconstruire. Mais je me suis remis en selle. » Appel à Jay Messina, (Aerosmith, Kiss, Miles Davis, John Lennon...) «Je lui ai dit : tu le mixes ! Jay m’a redonné confiance et m’a encouragé à finaliser l’album »

Re-gorgée de bière. Son ambition : « Être le premier mec qui parle aux Anglais avec un album rock entièrement chanté en français. » Masterisé à Abbey Road, les fameux studios des Beatles, sorti il y a un an en Grande-Bretagne, l’album jouit d’une belle aura outre-Manche. Le voilà qui débarque en France. Composé de dix titres plutôt frontaux, il rappelle un peu Daniel Darc, sur le fameux titre « Le test de la femme à barbe ». Un album à son image. Qui, comme lui, semble sortir de nulle part.

 

Marc O, « L’homme de l’ombre », 10 titres, sortie le 3 mars 2023. Musiques Caen Normandie Culture Londres

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